Miroir de l’âme

24 juillet 2017

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

Charles Baudelaire, L’homme et la mer, Les Fleurs du mal

 

À B. K.

Nous marchons côte à côte.

Toi, les mains dans les poches, souvent. Tu avances.

Moi, je prends ta main…. ou je m’accroche à ton bras. Tu acceptes l’étreinte.

Et puis, déferle sur nous à contre-sens, le flot des touristes. Il nous sépare.

Tes doigts s’échappent. Ma main naufragée surmonte la vague, fournit un autre effort, s’élance encore. Allez! Une, deux, trois brasses, allez, tu es là!

Elle lutte contre la désinvolture et l’indépendance affirmée, ma main. Une autre fois, elle s’agrippe… jusqu’au prochain ressac où tu prends le large.

Elle ne se fatigue pas, ma main. Inlassablement, elle recommence. Sa meilleure voile est la patience. En cape et de calme, elle porte en plein. Elle s’amarre contre vents et marées. Pour vergue, elle a l’espérance, et la confiance est son palanquin.

Entre deux silences, des bonheurs sublimes. Entre deux ports, l’espoir d’un séjour. Entre deux marées, l’envie de jeter l’ancre, l’envie d’une île, de la terre ferme …

Tu es sur le quai. Tu parles d’escale prolongée, mais ton regard s’évade sur l’horizon, ton corps frémit à l’appel du vent du large.

Je ne suis pas une sirène. Ma main ne peut lutter.

Tu seras bientôt reparti…

C’est ainsi.

Lié à: le roc d'enfer.

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