À J.W.K..
“Qu’est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croît, qu’une résistance est en voie d’être surmontée.”
Friedrich Nietzsche, L’Antéchrist, 1888
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Il est 2h du matin. Je n’arrive plus à dormir. Ma nouvelle vie sans toi a commencé et j’ai peur. Je ne devrais pas mais je suis terrorisée. Je me suis levée, je suis allée dans le salon pour m’éloigner de toi, pour voir ce que ça me fait maintenant que c’est moi qui ai décidé de prendre du recul. Le silence est long et vide : il me semble si grand et moi, si petite…
J’ai froid, j’enfile un t-shirt; j’ai toujours froid, je tremble. Je tremble tellement fort que mon corps s’agite comme un malade atteint de Parkinson. Tous mes muscles sont contractés. Ça fait mal.
Respire, respire, une fois, deux fois, lentement; encore: une fois, deux fois. Compte jusqu’à 5. Encore, une fois, deux fois, jusqu’à ce que les tremblements s’apaisent et cessent.
Les larmes coulent. Je les laisse couler…
Le chien et le chat m’ont rejointe, ils sont intrigués. Je suis en petite boule sur le divan. Mes bras enlacent mes jambes en position fœtale. Repli. Refuge. Attente.
Tu y es presque. Reste ainsi jusqu’à ce que ton souffle circule librement de la pointe de tes cheveux jusqu’au bout de tes orteils tranquillement, patiemment, qu’il réchauffe chacune de tes cellules, qu’il t’anime.
Le silence se remplit des ronrons du chat et des soupirs du chien. C’est vivant. Je suis plus calme, je respire mieux.
Je suis revenue m’allonger à tes côtés sans te toucher. Le drap trace une frontière entre nous. Pendant un moment, je n’entends plus ta respiration. C’est bizarre : il y a pourtant ton corps sur le matelas de l’autre côté du drap. J’avance mes doigts pour toucher ta peau, elle est fraîche. Tu es bien là. Tu y seras jusqu’à dans quelques heures, jusqu’à ce dernier câlin qu’on se donnera comme un au revoir.
Ça me fait du bien de n’entendre que ma respiration. Je me grise de cet air qui rentre dans mes poumons, que je fais descendre dans mon ventre, dans mon sexe, dans mes jambes, que je dirige où je veux désormais. Je suis le pilote. Je choisis ma destination. Vertige.
Le chat a sauté sur le lit. Il s’est installé sur tes jambes. On n’entend plus que son ronronnement régulier, doux et affectueux. Il choisit toujours son humain. Cette nuit, il t’a choisi, toi. C’est sa façon de te dire qu’il s’en remet à toi durant son sommeil, que tu lui procures de la sécurité quand il est dans son état le plus vulnérable. Ça me rassure. S’il t’a choisi, je lui fais confiance : les animaux ne se trompent pas.
«Tu ne dors pas?»
C’est la petite fille en moi avec sa voix de 4 ans qui t’a répondu : « Non » Un non timide et inquiet. Et elle s’est blottie dans tes bras. Elle a encore peur. C’est normal, c’est nouveau.
Il est 3 heures. Je ferme les yeux. Dans mes oreilles, comme un bruissement singulier, on dirait des piaillements d’oiseaux… non plutôt la stridulation des criquets. Ils chantent, fort! La mer apparaît d’un coup. Les odeurs de la pinède emplissent mes narines. Le soleil caresse ma peau. Je suis bien.
🤔🙄😍