Bélitre, la licorne ailée

21 mai 2012

 

«Ce qui me tourmente ce n’est point cette misère, dans laquelle, après tout, on s’installe aussi bien que dans la paresse. Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné.»

Antoine de Saint-Exupéry, Terre des Hommes


Là-bas, le soleil luisait faiblement, avalant habilement les lendemains lumineux, éliminant lentement les coquelicots flamboyants. Bélitre, la licorne ailée, glanait les pétales éparpillés, blasons ridiculisés, banalisant l’idéal humilié. Elle voulait s’envoler malgré la pluie assaillant les fleurs, malgré l’averse folle balayant l’horizon.

Mélancolique, le légendaire animal larmoyant lorgna la lugubre vallée. Vallée délavée, dévaluée lamentablement… Elle loua la misérable foule, laquelle alléguait la liberté, leur ultime citadelle, leur valeur fondamentale : foule alimentée d’élixir annihilant la sollicitude. Foule florale enflammée, mobilisant les luttes individuelles éclatées parallèlement. Foule colorée applaudissant les défilés silencieux, implorant la libre parole. Lorsque les limites délimitent l’indicible, l’insoutenable, l’insupportable, lorsque le silence jaillit éloquent, alors le mal profilé libère les effluves translucides écarlates. Le bouillonnement refoulé s’emballe, la turbulence, les exhalaisons troublantes s’amplifient. La salamandre tourbillonne…libre!

Habituellement, les licornes plaisent, jolies porcelaines pastel alignées là, raisonnables, disciplinées, gentilles. Ailleurs, la littérature liquide longe les lignes, grappille les livres, coule silencieuse, délivrant les labiales. L’abeille lutine la fleur accueillante. Légère, habile, elle longe les allées exaltantes, ballerine laborieuse, vestale fidèle. L’âme légère, elle oscille continuellement : lundi vilipendant les libéraux, la veille les plébiscitant, le lendemain les glorifiant.

Hélas! La libellule libéra les libertines lucioles desquelles elle tolérait les ailées galipettes. Symbolisant la douleur lancinante, Bélitre exaltée, allumeuse, enlevante, survola lentement la foule délirante. Le long long lombric lui longeant le ciboulot délabré, la lionne lacéra, limogea, pulula telle la pustule labourant l’ensemble… Les labradors lâchés hurlèrent les litanies imbéciles oblitérant les licences particulières. Plusieurs illustres hurluberlus zélés hélèrent la diligence allégorique, litote liberticide liant l’engeance illuminée légalement. Les loups, allaités d’illicite levure léonine carillonnèrent l’hallali isolant les lucioles lucifériennes.

Bélitre, la docile écolière mélancolique, consulta l’oracle blasé. Elle lisait, éberluée, la loi spéciale légiférée selon laquelle la liberté semblait éliminée. Les louches mégalomanes appliquaient aveuglément leurs lubies loufoques. Lire : «L’oligarchie nouvelle pénalisera lourdement la loyauté, le leadership, la solidarité voulant éliminer les luttes inégales. Postulats liminaires : Silence obligatoire. Parole muselée. Lutteurs molestés. Idéal lapidé. Logistique impeccable, infaillible.»

Les boucliers altiers alimentaient la colère :«Allez, circulez! Inclinez la colonne! Déclinez appellation, qualité, domicile!»

Le peuple ligoté hurlait, larmoyait. Téléguidée, implacable, la sentinelle laissait le matériel militaire parler… Plus loin, le silence pulvérisait lamentablement la lâcheté labourée d’illusions.

«Licorne, belle licorne, enjolivant la lune laiteuse, circule librement, enlace allègrement le levant, lévite, enligne le littoral, localise les arc-en-ciel, cultive l’espoir ! Cajole les étoiles blessées. Console les coquelicots. Siffle délicatement la mélodie câline, laquelle calme les tumultes!»

Le lendemain, la licorne Bélitre héla Gétalié licorne mâle, libre, légendaire, ailé également. Ils élevèrent leurs silhouettes. Les tournesols délaissés redoublèrent d’allégeance. Les chenilles limicoles délièrent leur langue.

«Bélitre, Gétalié, libellez les liaisons libérables, linéarisez les lignes égalitaires.»

Bouleversé, le couple licornien s’enflamme, mobilisant illico la foule animalière, la floraison estivale, les élans d’absolu. Ils allument les lampadaires, habillent les boulevards, fleurissent les palais, reculent les limites, sollicitent le meilleur. Ils déplacent les cumulus, éclairent la lune, frôlent les étoiles… Finalement horripilent les Immortels Olympiens mythologiques!

Lanternes, lampions, lucioles illuminent le couple ailé. Ils batifolent, folâtrent, libèrent les larmes sublimes. Mille lapis-lazulis emplissent le lagon limbique.

Jalousant le couple chevaleresque, les Olympiens sollicitèrent violemment la pluie diluvienne. Leurs ailes mouillées lestèrent les licornes. Alors, lentement, les loyales licornes libèrent leurs sanglots longs. Le violon automnal lance les allitérations plaintives. Musicalité, lyrisme verlainiens … Les Olympiens larmoient, louent les belles licornes.

Las, les Olympiens laissent les licornes là. La liberté luit alors; les limbes lentement s’éloignent. La lame écarlate tel le déluge souffle les palissades. La pluie lave les hostilités. Le soleil luit. Réconciliation possible?

«La clepsydre laissera écouler la temporalité diluée, l’oubli écartèlera les lobes mémoriels », déclara Gétalié illuminé.»

«La liberté délie les langues,  lança Bélitre. Abolies, les fables, les balivernes ! Parlons, dialoguons ! La parole libère la colère, verbalise les douleurs, abolit les conflits.»

 

COLLABORATEURS (par ordre d’implication)

@nathcouz @Aurise @georgesgermain @GilbertOlivier @Ecot_du_Silence @WinCriCri @verodamours @Aunryz @CarineNaudin @slyberu @cduret @Alex_Acou @tweetsynat

Lié à: le col des contrebandiers.

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