Comme avant

25 février 2021

En mémoire de mon cousin, Jean-Gabriel Damizet

(1970-2021)

Le ciel est par-dessus le toit. Sur la terrasse, il y a une grande échelle qui mène jusqu’à lui. Pendant que Brigitte s’occupe de Sabine dans la cuisine à Salcigneux, toi et moi, nous projetons une grande expédition : et si on grimpait là haut? Ouai 😀 si on grimpait tout en haut… pour voir le monde? 

Nous avons à peine 4 ans mais déjà de grandes ambitions! C’est décidé : je monte la première, tu m’encourages quelques barreaux plus bas. Arrivée à la lisière du toit, je te crie : «Monte, viens voir, Biel, c’est beau!»

Aujourd’hui, c’est toi qui as grimpé en premier, c’est qui tu as pris les devants dans le grand escalier, mais Brigitte ne pourra pas venir te chercher et te ramener en bas comme autrefois. Et moi, sur la terrasse, je reste seule et je pleure. 

Notre vie dure ce qu’elle dure mais je ne suis plus vraiment sûre de rien si tu t’en vas.

Tu ne voudrais pas me voir triste et d’où tu es, je t’entends me dire : «Nath, c’est beau! Comme dans nos rêves d’enfants, ouai 😀 c’est beau comme avant.» 

Mais moi, tu vois, j’aimerais qu’on ait encore 4 ans pour que tu me serres fort dans tes bras ou que tu me fasses rire aux éclats comme sur ces photos jaunies où on avait l’air si heureux. J’aimerais qu’on ait encore 10 ans pour que tu chantes sans cesse cette rengaine qui me faisait enrager : «Nataloche, dans sa dodoche mange des brioches!» J’aimerais qu’on ait encore 18 ans pour nous retrouver à Lourdes devant la grotte, fervents. J’aimerais qu’on ait encore 20 ans  pour bosser comme deux potaches studieux, toi, sur tes planches d’anatomie et moi, sur mes thèmes latins. Mais j’aimerais surtout qu’aujourd’hui tu dises au grand portier du paradis : «Désolé, c’est pas mon heure, ils m’attendent en bas. Essai manqué, on se reverra plus tard!» 

Reviens, Biel, s’il te plait, reviens juste une minute, une dernière fois : j’ai besoin de voir tes yeux bleus couleur de mer. 

Reviens, Biel, s’il te plait, reviens juste une minute, une dernière fois : j’ai pas eu le temps de te dire à quel point j’étais fière de toi. 

Reviens, Biel, reviens comme dans nos rêves d’enfants. 

Reviens Biel, tu me manques tellement.

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