«Le langage du monde s’écrit par chances et coïncidences. Dans la vie, tout est signe.»
Paulo Coelho, L’Alchimiste
À D.C
Pause.
Le temps s’arrête.
L’horizon n’a plus de frontières.
Une voix emplit l’espace saturé par les accents étrangers, les roulements des valises, les vrombissements des moteurs.
Par-dessus la foule bigarrée, une voix, chaleureuse et sensuelle, qui prononce des noms exotiques, qui drague l’imagination, qui invite à l’évasion.
«Les passagers à destination de Rio de Janeiro sont attendus porte 5.Je répète. Les passagers à destination de Rio de Janeiro. Porte 5. Dernier appel avant l’embarquement.»
Images portées par la voix : mille et une…
Soleil, plage, neige, toundra, vaporetto, bateau mouche, taxi jaune, gondole, Tour Eiffel, Grand Canyon, Sahara, Kilimandjaro, dolce vita, cabaret, souk, Danke schön, grazie, aligato, tapas, loukoums, vodka, bonheur, rires, repos, émerveillement, retrouvailles, dépaysement, fuite…
Ailleurs.
«Les passagers à destination de Copenhague sont attendus à la porte 21…»
Jamais autoritaire et pourtant toujours écoutée, la voix est maîtresse.
Elle enchaîne son leitmotiv ensorceleur.
« Les passagers à destination de Casablanca sont attendus… Les passagers à destination de Casablanca… Je répète… Dernier appel avant l’embarquement.»
À chaque fois, les hommes et les femmes se lèvent.
À chaque fois, ils marchent en direction des portes.
À chaque fois, ils obéissent.
À chaque fois.